genèse de ô, mon dieu mon dieu

Tout commença sur la Départemental 160, route reliant la ville de La Roche-sur-Yon à celle des Herbiers en Vendée. Une pancarte attirait toujours mon attention. Sur le panneau une inscription "Abbaye de la Grainetière".
À chaque fois la même pensée "il me faudra un jour prendre le temps de m'y arrêter!"
C'est ce que je fis un soir de février.
Je quitte la route départementale pour emprunter un long chemin communal, m'immisçant entre plusieurs fermes isolées du bocage vendéen.


C'est l'automne, la nature a ce jour-là, revêtu son plus bel habit de couleur, préparant à cela l’humus qui en mon cerveau allait enrichir l'inspiration à venir.

Après plus de quinze minutes de nids de poule, me voici devant l'Abbaye de la grainetière, enfin ce qu'il en reste. Je me gare devant un grand mur d'enceinte à la colonne vertébrale d'un bossu. Il est là, me regardant de haut, les pieds enfoncés dans le sol semblant prendre à bras le corps une tour de pierre, protégeant du monde extérieur cette orpheline du douzième siècle, l'aidant à résister à tous les démons de la terre. J'engage mes pas vers un large portique, large bras de bois qui invite le curieux que je suis à y glisser mon regard.
Ce que je vis, mis en action la machine à écrire. Pas celle à touches, non! La cérébrale, celle qui s’emballe, qui ne vous laisse pas tranquille osant un bref répit lors de la prise d'un crayon et d'un support papier et qui ne s’estompera pas avant d'avoir eu sa dose de mots, ligne après ligne, à en faire une overdose.

Le soleil couchant se servant de l'endroit comme cours de récréation, je vis glisser sur l'endroit une multitude d'ombres sur un cloître au trois quarts engloutis par le sablier du temps. Quelques vestiges de mur où apparaissent, dissimulés par de larges lianes de lierre deux grandes portes vitrées, pustules des temps modernes violant l'intimité du lieu, mais qui par la nature de ses matériaux modernes veut, quoi qu'il se passe continuer à survivre.

Après ce petit moment, je mets un pied dans ce qui devait être le jardin du cloître, puis le deuxième pour me diriger vers le puits qui trône au centre tel un seigneur au milieu de sa cour....
Une voix derrière moi m'interpella en un chapelet de douces paroles, presque un murmure.

-"Vous cherchez quelque chose? Ou quelqu'un? Peut-être pourrais-je vous aider!"

À ce moment-là, je me retourne sur le même tempo que la voix qui vient de m'interpeller et là! ce que je vis actionna le turbo de ma machine à neurones, imaginez!
Le soleil vit ses dernières minutes, le jour tente désespérément d'écarter les quelques nuages qui l'aveugle, le vent, léger, veut tirer la couverture de nuit sur cette journée d'automne. Au loin les chasseurs tirent leurs dernières cartouches. C'est dans cette atmosphère que je fus attiré par un souffle venu d'un autre monde, il me prit à pleines mains de ses paroles. Un petit bonhomme frisottant, au crâne chapeauté d'une large soucoupe de chair craquelée sous lequel, en un tourbillon, tombait en une faible cascade, quelques piètres cheveux parsemés. Sur le dos une tenue de moine bénédictin, les os du fabricant ne doivent plus lui poser de problème depuis bien longtemps. Le renouvellement de la  question du maître Yoda me ramena aussitôt dans le monde réel.

-'Bonjour monsieur! y aurait-il quelque chose que je puisse faire pour satisfaire votre curiosité?"

Je lui explique du mieux que je peux la raison principale de ma venue et là, penchant légèrement la tête, tel le christ sur la croix, il me dit "Ô, mon Dieu, mon dieu" vous venez bien mal, c'est l'heure de la prière et je ne vais pas pouvoir rester bien longtemps, d’ailleurs j’entends la cloche qui sonne.

"Ô, mon Dieu, mon Dieu".
 Le titre de ma prochaine comédie est trouvé!

Seul, au centre de cette cour, apercevant les moines se pressant pour la messe du soir, mon imagination commença à monter l’échafaudage de l'histoire. Sans tomber dans le larmoyant, la trame se déroulera en pleine période révolutionnaire. Pourquoi! La nuit qui tombe sur un bâtiment partiellement en ruine, cachée au fin fond du bocage vendéen? Des moines qui s’engouffrent dans de vieux murs? Des coups de fusil, ultimes tirs avant la fermeture de la chasse ? Il ne m'en faut pas plus. Je prends mon crayon et mon cahier de brouillon et je commence à écrire une première ébauche.

L'action se déroulera dans une Abbaye aux débuts de la Révolution française de 1789. Père supérieur, frère économe, moine convers, novice, voilà des personnages qui devraient me parler facilement. La nuit ayant pris ses quartiers je remonte dans ma voiture et reprend la direction de mon domicile.
Toutes les cinq minutes, je suis obligé de m’arrêter sur le bas-côté de la route, le temps pour moi de prendre quelques notes. Un trésor caché dans les ruines. Un frère économe pas très catholique. Un novice fouineur.    Inutile de vous dire qu'il m'a fallu plus de temps qu' à l'ordinaire pour rentrer chez moi. Pour  les nobles bardés de bagage et de coffret, fuyant l'armée républicaine. Une sœur expulsée de son Abbaye, emportant avec elle de précieuses reliques.

J'ai le décor! L'époque! La situation, il ne me reste plus qu'à leur donner vie, leur fournir des mots qui deviendront leurs ADN.

Les personnages:


Le père Florimond.
Bien qu’issu d'une famille modeste il entra comme moine grâce au soutien d'un parrain bien placé. il arriva au sommet de la voie hiérarchique de son ordre après bien des efforts et des gouttes de sueur. Toujours inquiet et angoissé la moindre brindille qui craque sous ses pieds le fait sursauter. Réservé, il devient rouge comme une tomate au moindre compliment. Répétant de matines à complies sa phrase fétiche "Ô, mon Dieu, mon Dieu" Son entourage abuse  sans vergogne de sa faiblesse de caractère. Métayer des terres de l'Abbaye,  petites gens qui braconnent nuit et jour, tous profitent de sa gentillesse. Le plus vil le plus mécréant est sans conteste...




 Le frère Horace.
Le frère économe de l'Abbaye. Fils cadet d'une famille aristocratique, il ne peut suite au décès de son aînée, embrasser la carrière militaire auquel il aspirait. Son caractère irascible lui vaut d'être renvoyé de toutes les congrégations religieuses. Il est sournois; fourbe; dédaigneux; seules les relations haut placées de sa famille lui permettent de s’en sortir à bon compte. Au moment de l'histoire, il a le poste de frère économe au sein de l'Abbaye. Subtilisant le moindre écu il profite du chaos de la révolution pour rassembler tout son or et fuir avec son magot. Malheureusement pour lui la venue de deux personnages va mettre à mal ses projets. À commencé par...



 
Le Marquis Baudry de la Richardière.
Nobliau de campagne il ne brille pas par son raffinement ou son intelligence.Longtemps il a cru que son épouse était tombée sous son charme, mais voilà, au moment de la pièce, il se rend compte qu'elle était plus attirée par sa bourse que par sa personne. Suite à des propos calomnieux envers les représentants républicains, il est obligé de fuir sa ville s'il veut conserver la tête sur les épaules. Il décide d'emmener son épouse vers les îles Anglo-saxonne, le temps que la situation s’apaise en France. Sur le chemin il décide de faire halte dans l'Abbaye que dirige l'oncle de son épouse.....





  La Marquise de la Richardière.
 Est la nièce du père Florimond. Elle a la folie des grandeurs depuis qu'elle a su conquérir le coeur d'un vieux marquis. Dépensière comme il n'est pas permis, sa petite vie bien organisée, se voie chambouler par les élucubrations que son époux à tenue place Carcado aux Sables-d'Olonne. Pour elle, adieux les soirées de jeux, cabriole dans les bosquets et autres frivolités. Bien obligé de suivre son époux dans cette cavale,c'est avec une grande réticence qu'elle le suit, ayant détourné les fonds que son époux destinait pour l'Abbaye, ont comprend pourquoi elle hésite à vouloir pénétrer dans l'Abbaye de son oncle et ainsi devoir des comptes à son oncle et à son époux et être confronté à l'esprit fouineur de.....



Eutrope, le novice.
Suite à une épidémie de pneumonie infectieuse qui sévissait dans l’ouest de la France, Eutrope devint orphelin de père et de mère. Il fut recueilli par le père Florimond ami de la famille. Très tête en l'air, il n'a de cesse de vouloir bien faire, malheureusement pour lui, plus il veut faire le bien, plus il fait mal. Curieux de tout, il est le petit caillou dans la chaussure du frère Horace, le "Ô, mon Dieu, mon dieu" du père Florimond la marionnette de la Marquise, le bon p'tit gars du Marquis et le souffre-douleur de....




Soeur Marguerite.
Suite à la réquisition des bâtiments par l'armée révolutionnaire, elle est obligée de quitter son couvent en catastrophe, emportant avec elle le précieux trésor de sa congrégation. Elle est missionnée par la mère supérieure de trouver un endroit ou dissimuler le précieux coffret. Un soir, après un long périple dans la campagne et ses chemins tortueux, elle arrive à l'Abbaye. Pensant trouver là un havre de paix et l'endroit idéal pour y cacher son trésor elle y découvrira rapidement que la tranquillité extérieure des lieux cache bien des turpitudes à l'intérieur. Elle saura déjouer les machiavéliques complots de la Marquise et du frère Horace grâce à la complicité d'Eutrope et au courage dissimulé du père Florimond.







Conclusion:
"Ô, mon Dieu, mon dieu"
Bien qu'elle se déroule durant une période tragique de notre pays, la pièce de théâtre "Ô, mon Dieu, mon dieu" reste dans la plus pure des traditions, une comédie où le rire et les situations les plus cocasses sont présentes tout au long de la pièce, et ce, pour le plus grand plaisir du public et des comédiens. La différence de personnalité de chaque personnage est telle qu'elle permet aux acteurs de donner un rythme du début à la fin de cette comédie.

Si cette pièce de théâtre vous intéresse, mais que, le nombre et le sexe des personnages ne correspond pas à la composition de votre troupe de théâtre, sachez que je me ferais le plaisir  d'une réécriture de celle-ci pour qu'elle s'adapte parfaitement à votre  structure pour cela contactez moi sur mon mail: ericgarandeau@orange.fr

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Rendez-vous dans un prochain article.